Après les élections générales de fin octobre en Tanzanie, le pays s’enfonce dans une inquiétante obscurité informationnelle. Les violences post-électorales ont semé le chaos, laissant derrière elles des familles désemparées sans nouvelles de leurs proches. Toutefois, cette détresse est amplifiée par un blackout médiatique orchestré par le pouvoir. À Dar es Salaam comme dans d’autres grandes villes, les médias traditionnels et numériques se retrouvent paralysés par une censure sévère, des pressions juridiques croissantes et des coupures d’accès à la connexion internet. Cette plongée dans le silence numérique bouleverse la liberté d’expression, un droit pourtant fondamental, et élève la bataille de l’information à un enjeu de souveraineté nationale. On parle ainsi désormais moins d’un conflit électoral que d’une vaste stratégie de contrôle et d’étouffement de toute dissidence.
En résumé, la situation en Tanzanie en 2025 illustre comment la maîtrise de la technologie numérique se transforme en un outil politique d’une puissance redoutable. La fermeture imposée de l’espace médiatique ne se limite pas à museler la contestation mais vise à redéfinir le rapport entre citoyens, médias et État. Autant de défis qui résonnent bien au-delà des frontières tanzaniennes, dans une Afrique de l’Est où la liberté d’expression subit des attaques croissantes. Cette dynamique a plusieurs facettes que nous allons détailler en profondeur.
Les mécanismes du blackout médiatique en Tanzanie : entre coupures internet et censure accrue
Le blackout médiatique à l’œuvre en Tanzanie ne s’est pas imposé brutalement, mais s’inscrit dans une stratégie maîtrisée de blocage de l’information et de contrôle de la liberté d’expression. Dès les premières contestations post-électorales, les autorités ont décidé de couper l’accès aux réseaux sociaux, naguère outils essentiels pour l’expression civique et l’échange d’informations entre citoyens. Cette coupure massive de la connexion internet a plongé des millions de Tanzaniens dans une incapacité pratique à communiquer librement ou à accéder à une information indépendante.
La censure ne se limite pas aux seules plateformes en ligne. La répression touche aussi les médias traditionnels, contraints à l’autocensure face à des pressions juridiques et des menaces ciblées. Plusieurs rédactions ont en effet reçu des avertissements, suivis parfois de poursuites, pour diffusion supposée de “fausses informations” ou “incitation à la violence”. La définition floue de ces notions permet une interprétation extensive qui freine le travail journalistique et le reportage sur les violences.
Les défenseurs des droits humains deviennent alors des acteurs majeurs de la documentation, tentant de collecter des données malgré les risques. Leur engagement souligne l’enjeu fondamental du droit à l’information dans un environnement répressif.
- Blocage des réseaux sociaux : WhatsApp, Facebook, Twitter inaccessibles durant plusieurs semaines.
- Pressions juridiques : Menaces et poursuites contre journalistes et médias indépendants.
- Autocensure : Réduction drastique des reportages critiques sur la situation post-électorale.
- Documentation par la société civile : Rôle renforcé des ONG spécialisées en droits humains.
| Type de contrôle | Mode d’application | Impact sur la population |
|---|---|---|
| Coupure internet | Décision gouvernementale de couper les réseaux sociaux et l’accès global à internet | Isolement informationnel, perte d’accès à l’information et aux contacts |
| Censure médiatique | Pression sur les médias, arrestations et poursuites | Réduction de la diversité des sources d’information |
| Autocensure | Menaces explicites plutôt qu’interdictions formelles | Réduction des enquêtes et reportages indépendants |
| Mobilisation civile | Collecte de données par ONG malgré les risques | Obtention partielle d’informations malgré la répression |
Conséquences humaines et sociales d’une plongée forcée dans le silence numérique
La coupure d’internet et la répression de la presse ne sont pas que des manœuvres politiques abstraites. Elles provoquent des répercussions concrètes et tragiques pour la population tanzanienne. Les familles victimes des violences post-électorales restent dans l’angoisse, souvent sans aucune information officielle sur le sort de leurs proches. Cette situation dramatique, aggravée par l’absence de médias libres et d’une connexion internet fiable, limite également l’accès à des services essentiels et freine l’entraide communautaire.
Sur le plan social, les fractures augmentent. Une partie de la population, notamment dans les zones rurales, est plus fortement privée d’informations, accentuant les inégalités d’accès à la technologie et au droit à l’information. Par ailleurs, cette privation contribue à une atmosphère de peur et de méfiance, où les rumeurs et les fausses informations circulent plus facilement, intensifiant les tensions.
- Familles sans nouvelles : Des dizaines de cas de disparitions non expliquées.
- Inégalités numériques : Zones rurales privées d’internet et d’informations fiables.
- Rumeurs et désinformation : Propagation facilitée par le manque d’accès officiel.
- Effets psychologiques : Augmentation de stress et de méfiance dans la population.
| Conséquence | Description | Population affectée |
|---|---|---|
| Familles dans l’attente | Absence de communication sur le sort des proches disparus | Victimes de violences et leurs familles |
| Inégalités d’accès | Zones rurales moins connectées, moins informées | Habitants des campagnes et périphéries urbaines |
| Désinformation | Circulation de rumeurs faute d’informations vérifiées | Toute la population |
| Troubles psychologiques | Stress et peur engendrés par le silence médiatique | Citoyens affectés par les violences et l’incertitude |
La technologie comme double tranchant : outil de liberté ou d’oppression en Tanzanie ?
La situation en Tanzanie met en lumière les paradoxes de la technologie dans les régimes contemporains. Si jadis l’essor du numérique avait été salué comme une promesse de liberté et d’émancipation, il devient aujourd’hui un vecteur d’oppression et de silence. Le contrôle étatique de la connexion internet sert à museler toute voix dissidente, tout en privant les populations du droit à l’information.
Cependant, certaines initiatives résistent, utilisant les technologies alternatives pour contourner les blocages et diffuser des informations. Les réseaux mesh, les VPN, ou encore des plateformes cryptées sont mobilisées par la société civile pour maintenir un lien entre citoyens et maintenir la mémoire des événements. Ces technologies offrent un espoir à court terme, mais sont aussi sujets à une répression ciblée dès qu’elles sont repérées.
- Internet comme outil d’oppression : Blocage et surveillance renforcée des contenus numériques.
- Technologies alternatives : VPN, réseaux mesh, messagerie cryptée pour échanger.
- Risques accrus : Crackdown sur les utilisateurs de ces outils.
- Résilience civile : Adaptation inventive face à la censure ouverte.
| Aspects technologiques | Conséquences | Exemples concrets |
|---|---|---|
| Blocage d’Internet | Entrave au droit à l’information, isolement numérique | Fermeture des réseaux sociaux et sites d’actualités |
| VPN et cryptographie | Reprise partielle de la communication sécurisée | Usage massif par journalistes et ONG |
| Réseaux mesh | Création de réseaux locaux pour contourner la censure | Essais dans des quartiers urbains de Dar es Salaam |
| Surveillance digitale | Risque d’arrestations et poursuites pour usage non autorisé | Arrestations de blogueurs et militants en ligne |
L’impact du blackout médiatique sur l’écotourisme et la réputation internationale de la Tanzanie
La restriction de la liberté d’expression en Tanzanie affecte aussi les secteurs stratégiques comme l’écotourisme, vital pour l’économie locale et régionale. Les parcs nationaux, sanctuaires de biodiversité et attractions majeures, voient leur fréquentation impactée par le climat d’incertitude et les difficultés de communication liées au blackout numérique.
Les voyageurs internationaux se montrent plus hésitants à planifier leur visite, faute d’informations fiables sur la sécurité, la disponibilité des services ou les conditions de déplacement. Cette méfiance se traduit par une baisse de fréquentation qui menace les revenus des communautés locales, souvent dépendantes de ce tourisme responsable. La réputation de la Tanzanie, qui a longtemps promu une image d’hospitalité et d’écotourisme responsable, subit un sérieux revers.
- Baisse du tourisme : Moins de réservations et d’afflux de visiteurs étrangers.
- Réputation internationale entachée : Articles négatifs et inquiétudes relayées à l’étranger.
- Impact économique local : Réduction des revenus pour les communautés dépendantes du tourisme.
- Appels à l’écotourisme responsable : Efforts pour maintenir un tourisme durable malgré les tensions.
| Effet | Description | Conséquence |
|---|---|---|
| Moins de visiteurs | Risque accru lié à l’instabilité et au blackout | Chute du chiffre d’affaires des lodges et guides |
| Mauvaise image | Couverture médiatique négative à l’international | Diminution de l’attractivité touristique |
| Pertes économiques | Moins d’emplois et de moyens pour les communautés locales | Vulnérabilité accrue des populations rurales |
| Maintien du tourisme durable | Initiatives pour sensibiliser à l’écotourisme | Quelques projets soutenus malgré les tensions |
Perspectives et enjeux futurs : résilience citoyenne et bataille pour la liberté d’expression en Tanzanie
Le blackout médiatique tanzanien est loin d’être un phénomène isolé mais s’inscrit dans un schéma plus large de répression à l’échelle régionale. La bataille pour la liberté d’expression et le droit à l’information, face aux outils numériques de contrôle, est au cœur du défi pour l’Afrique de l’Est. Les citoyens, journalistes et ONG n’ont d’autre choix que de faire preuve de résilience en se réinventant constamment.
Le recours aux technologies alternatives, combiné à une mobilisation croissante de la diaspora tanzanienne et une pression internationale, dessine un espoir réaliste d’ouverture progressive. Par ailleurs, la formation à l’écosystème numérique, le soutien juridique et la solidarité internationale jouent des rôles déterminants pour renforcer cette dynamique.
- Mobilisation citoyenne : Campagnes pour la protection des droits numériques et médiatiques.
- Usage des technologies alternatives : VPN, réseaux décentralisés et chiffrement sécurisé.
- Soutien international : Pressions diplomatiques et aide aux ONG locales.
- Formation et sensibilisation : Actions pour renforcer la connaissance des droits numériques.
| Facteur | Action | Effet espéré |
|---|---|---|
| Mobilisation locale | Organisation de forums citoyens et de formations | Accroissement de la conscience collective |
| International | Pressions et sanctions diplomatiques | Réduction de la répression |
| Technologies alternatives | Développement et diffusion | Maintien des réseaux d’information |
| Éducation numérique | Programmes dans les écoles et ONG | Renforcement des capacités citoyennes |
Quelles sont les principales formes de censure en Tanzanie depuis les élections ?
Les principales formes de censure comprennent les coupures d’internet, le blocage des réseaux sociaux, les pressions juridiques sur les médias et la mise en place d’une autocensure dans les rédactions.
Comment les coupures d’internet affectent-elles la population ?
Elles isolent la population, restreignent l’accès à l’information, compliquent la communication entre proches, et favorisent la propagation de rumeurs et la désinformation.
Quels moyens technologiques permettent de contourner la censure en Tanzanie ?
Les VPN, les réseaux mesh locaux et les plateformes de messagerie cryptée sont utilisés par les activistes, journalistes et ONG pour diffuser de l’information malgré la répression.
Quel est l’impact du blackout numérique sur le tourisme en Tanzanie ?
La coupure d’internet et le silence médiatique entraînent une baisse de fréquentation touristique, affectant l’économie locale et la réputation internationale du pays.
Quelles perspectives d’avenir existe-t-il face à cette situation ?
La mobilisation citoyenne, l’usage de technologies alternatives, le soutien international et la formation aux droits numériques offrent des pistes de résilience et de reconquête de la liberté d’expression.
Source: www.rfi.fr
Asha partage son expertise du terrain à travers des guides précis sur les voyages en Tanzanie, les safaris dans les parcs nationaux, la culture massaï et les meilleures destinations comme Zanzibar, Serengeti ou le Kilimandjaro. Forte de plus de dix ans d’expérience auprès des voyageurs internationaux, elle produit des contenus fiables pour préparer un séjour en Tanzanie en toute sécurité et avec un profond respect des traditions locales.

